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Mehrangiz Kar

avocate de la condition féminine en Iran,


Prix Ludovic Trarieux 2002

Remise du Prix LUDOVIC TRARIEUX 2002 à Mehrangiz KAR, le 24 octobre 2002 à PARIS

 Mehrangiz Kar

photo ludovictrarieux.org

Par délibération du 23 mai 2002, le jury du " Prix International des droits de l’homme Ludovic-Trarieux " a attribué le Prix 2002 à l'avocate et journaliste iranienne Mehrangiz Kar. *

Mehrangiz KAR, avocate de la condition féminine en Iran, est une des figures emblématiques de toutes les femmes qui osent se battre contre le pouvoir islamiste et représentent un symbole d’espoir pour tout le peuple iranien. De ce combat, elle est  la plus connue, la plus courageuse, qui se montre d'autant plus virulente qu'elle n'a plus rien à perdre.

Né en 1944, à Ahvaz, une ville dans le sud d'Iran elle se signale comme  la seule femme a avoir publié plus de 100 articles dans les journaux et les magazines sur les questions sociales, bien que quelques-uns fussent politiques aussi.

En 1979, elle réussit son examen d’entrée au Barreau et devient avocate à Téhéran résolument engagée en faveur des Droits de la Personne Humaine et plus particulièrement des Droits des Femmes. Elle est notamment l'auteur avec Shahla Lahiji d'un livre intitulé "Le rôle des femmes dans l'Iran préhistorique". En 2000, elle a été désignée comme membre au  Conseil de l'Ordre des avocats de Téhéran  mais les services secrets de la République Islamique sont intervenus pour faire déclarer nulle  cette nomination au motif que cette fonction aurait « excédé sa compétence".

Les écrits de Mehrangiz KAR témoignent de ses engagements, notamment pour l’émancipation des femmes.  Ella a participé à de nombreux colloques en Europe et aux Etats Unis et notamment à une conférence à Washington organisée par l'Institut du Moyen Orient, le 2 octobre 1999 où elle donna une communication sur les obstacles que rencontrent en Iran les femmes, qu’elle qualifie dans une très belle conférence d ‘ « individus de seconde classe ». Elle écrit aussi sur les conditions de vie et le sort parfois cruel réservé aux enfants en Iran, à propos desquels elle a écrit plus d’une dizaine d’ouvrages parmi lesquels « Women's Participation in Politics: Obstacles and Possibilities », où elle traque les manquements de la loi iranienne à la Convention de l'ONU sur les Droits des Femmes, etc.. Toutes ses tentatives de créer une ONG féminine iranienne furent empêchées par les services de polices iraniens.


C’est dans le cadre de ce combat et alors qu’elle était déjà étroitement  surveillée pour avoir été en 1994 l’une des signataires de la lettre ouverte écrite par  134 intellectuels au Président Rafsanjani pour protester contre la censure,  qu’en avril 2000, elle a été invitée à intervenir   à BERLIN, à un colloque organisé par l’Institut Heinrich Böll sur le thème « l’Iran après les élections », au cours de laquelle ont eu lieu de violentes manifestations de la part d’exilés iraniens contre la situation politique en IRAN.

A son retour de la conférence,  elle   a été arrêtée et incarcérée. en même temps que deux autres participants, l’éditrice Shahla Lahiji, militante féministe, et un syndicaliste étudiant par la Justice iranienne pour « atteinte à la sécurité nationale » ainsi que pour "non-respect du hejab islamique" (la tenue vestimentaire des femmes en public, telle qu'elle est prescrite par la charia).

Ses déclarations ne constituaient pas une incitation à la violence. Selon l'acte d'inculpation, elle a affirmé que « le système islamique violait depuis vingt et un ans les droits fondamentaux et les droits de la nation iranienne… » et qu'il était « nécessaire d'examiner l'action de l'État non seulement pendant les dix dernières années mais sur la période de vingt et un ans. C'est ce que le peuple iranien attend du courant réformiste en Iran : remédier aux violations de ses droits fondamentaux commises pendant les vingt et une dernières années. » Elle a ajouté : « La structure juridique de l'Iran est, par bien des aspects, complètement opposée aux droits des femmes. Celles-ci n'ont aucun droit dans le domaine de la famille, que ce soit en qualité d'épouse ou de mère [...]» .

Placée au secret, dans les pires conditions, dans la prison pour femmes d’EVIN (les femmes n’ont pas droit à consommer de l’eau potable ),  sans droit de communiquer avec son avocate (Chirine EBADI – également candidate à l’attribution du Prix – qui devra renoncer à sa défense), elle a n’a du sa provisoire  sa libération,  le 21 juin suivant, à la suite d’une immense mobilisation de toute sorte des ONG à travers le monde,  qui ont abouti à sa mise en liberté moyennant le  versement d’une caution de près de 63 000 A.

Le 13 janvier 2001, le tribunal  révolutionnaire de TEHERAN l’a condamnée à quatre ans d’emprisonnement (5 ans pour ses codétenus) pour ses déclarations pendant la conférence.

A l’occasion de son incarcération, elle se découvre atteinte d’un cancer du sein, et elle craint de mourir avant d'avoir terminé de purger sa peine.  Elle bénéficie à nouveau d’une exemplaire mobilisation des ONG qui finissent par arracher au pouvoir iranien l’autorisation de se rendre aux Etats-Unis  pour y recevoir les soins requis par sa grave pathologie.

Ayant quitté l’Iran aux alentours du 12 FEVRIER 2001, elle devait y retourner toujours en cours de traitement  pour comparaître devant la Cour d’Appel, où les Droits de la défense, pas plus qu’en première instance, n’ont été respectés. Obligée de plaider coupable, elle a vu sa peine ramenée à 6 mois de prison incluant les deux mois de prison déjà effectués. Malgré cette clémence de façade donnée en gage aux organisations humanitaires, la persécution s'est poursuivie de façon plus subtile à l’encontre des  membres de sa famille. Ainsi son mari, le  journaliste et critique de cinéma, Siamak POURZAND a été considéré comme disparu en novembre 20012001  après avoir été interpellé par des agents inconnus. On sait aujourd'hui qu'il avait été arrêté et a depuis été mis en jugement  pour haute trahison  au début du mois d’avril 2002. Il encourt la peine de mort. L’appel de sa fille Azadeh, qui évoque aussi la situation de sa mère Mehrangiz KAR, est absolument pathétique.

Aujourd’hui, elle craint de mourir avant d'avoir terminé de purger sa peine : "Ma vie est courte maintenant, je dois écrire et travailler vite", a t’elle déclaré avant de comparaître devant la cour d'appel. Ainsi, à peine son "Etude sur la violence contre les femmes en Iran" est-il en librairies (500 pages), elle publie, en février 2001,  le récit de ses semaines de prison où elle montre dans un texte poignant à quel point la section des femmes de la prison est pire que celle des hommes.

 

La candidature de Madame Mehrangiz Kar au Prix Ludovic-Trarieux avait été présentée par Bad Jens (Iranian feminist Newsletter).

 

* La Délibération du Jury  du PRIX INTERNATIONAL DES DROITS DE L'HOMME

"LUDOVIC TRARIEUX" 2002

a eu lieu le

Jeudi 23 mai 2002
A la Maison du Barreau
11 Place Dauphine
75000 PARIS
Les précédents lauréats du Prix

L'histoire du prix

Qui est Ludovic Trarieux ?




1985

Nelson MANDELA (Afrique du SUD)

1992

Augusto ZÚÑIGA-PAZ (Pérou)

1994

Jadranka CIGELJ (Bosnie-Herzégovine)

1996

 

Najib HOSNI (Tunisie)

et Dalila MEZIANE (Algérie).

1998

ZHOU Guoqiang (Chine)

2000

Esber YAGMURDERELI (Turquie)


COMPOSITION DU JURY

(par ordre alphabétique)

Me Ioanna ANASTASSOPOULOU, Vice-Présidente de l’IDHAE (Athènes)

Me Brigitte AZEMA-PEYRET, membre du Conseil d’Administration de l’IDHBB, (Bordeaux)

Me Raymond BLET, membre du Conseil d’Administration de l’IDHBB, (Bordeaux)

Me Valérie BRAILLON, Secrétaire générale de l’IDHBB,  (Bordeaux)

M. le bâtonnier Yves DELAVALLADE, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats, (Bordeaux)

Me Philippe FROIN, Trésorier de l’IDHBB, (Bordeaux)

M. le bâtonnier Bertrand FAVREAU, Président de l’IDHBB, Président de l’IDHAE.

M. le bâtonnier Georges FLECHEUX, Président de l’Institut des Droits de l’Homme du Barreau de Paris. (Paris)

Me Joë LEMMER, Secrétaire général de l’IDHAE ( Luxembourg)

Madame Marie France GUET, Vice-Présidente de l’IDHAE (Paris)

M. le bâtonnier Paul-Albert IWEINS, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Barreau de Paris (Paris)

Me Andréas KALOGEROPOULOS, Président de l’Union des Avocats Européens (Athènes)

RAW Alfred KRIEGLER, Trésorier de l’IDHAE (Rechtsanwalt - Vienne)

Me Jean-Pierre SPITZER, Directeur scientifique de l’Union des Avocats européens  (Paris)

Me Hélène SZUBERLA, Vice-Présidente de l’IDHBB,  (Bordeaux) ;

 

 

 


"La Campagne "Libérez Siamak Pourzand! "

Nous soutenons la Campagne "Libérez Siamak Pourzand !"

Merci de signer la pétition :

 

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