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Najib Hosni et Dalila Meziane

Prix Ludovic Trarieux 1996

Rien ne prédestinait Najib Hosni, avocat tunisien, internationalement connu pour son combat en faveur des Droits de l'Homme et Dalila Meziane, jeune avocate des femmes humiliées dans une Algérie en plein chaos, à se retrouver lauréats le même jour du Prix Ludovic-Trarieux.

Condamné en 1994 à 8 ans d'emprisonnement sous le prétexte d’avoir prêté la main, en sa qualité de juriste, à des actes frauduleux alors qu’il était l’avocat de Moncef Marzouki, lui-même arrêté après avoir annoncé son intention de se présenter aux élections présidentielles, le premier est une nouvelle illustration de la difficulté d’exercer véritablement la profession d’avocat. Par un malheureux effets pervers des pactes, résolutions et autres instruments internationaux, - qui ne saurait remettre en cause leur impérieuse nécessité - dans certains pays les dirigeants, obligés d’honorer à contre coeur une signature formelle qui les engage, n’ont jamais su trouver d’autres moyens que de les contourner afin de se débarrasser des opposants, en les impliquant injustement dans de "vraies fausses" affaires de droit commun .

Après Nelson MANDELA, en 1985, Najib HOSNI a été le second lauréat à se voir attribuer le Prix alors qu'il est en détention. Sa Candidature était présentée par l'Union Internationale des Avocats (Commission Défense de la Défense), la Fédération Internationale de l'Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (FIACAT), le Centre d'Information et de Documentation sur la Torture-Tunisie (C.I.D.T.-TUNISIE), le "Lawyers Committee for Human Rights" (LCHR - New-York), Amnesty International, l'American Bar Association (ABA) - l'Institut des Droits de l'Homme du Barreau de Paris, Human Rights Watch (Washington).

Quant à Dalila Meziane, harcelée, malmenée, agressée, poursuivie par des aggresseurs anonymes et impunis, de barreaux en barreaux de Tizi-Ouzou, à Bouira et jusqu’à Alger, parce que ses prises de position lui ont attiré l'antipathie tant du FIS que du FLN, elle n’a eu d’autre recours que de demander, après avoir assisté à l’assassinat de nombre de ses proches et notamment son frère, à la France un statut de réfugié que celle-ci lui a chichement et longuement disputé.

Madame Dalila MEZIANE était, quant à elle, la deuxième femme, après Madame Jadranka CIGELJ, en 1994, a recevoir le Prix. Sa candidature était présentée par European Legal Network on Asylum (ELENA).

Tous deux ont été victimes de " l’oubli ou du mépris des droits de l’homme " en Afrique du Nord dans les années quatre vingt dix, et le Jury au terme d’un vote strictement paritaire n’a pas souhaité les départager. Trois mois après la remise de son Prix, le 14 décembre 1996, Najib Hosni a été " gracié " aprés un peu plus de deux ans de détention. Mais, aujourd’hui, il est toujours privé de passeport et de profession. On poursuit, à son tour, son avocat, Radhia Nasraoui. Quant à Dalila Meziane , elle n’a pu retrouver en France le droit de redevenir ce qu’elle a toujours été : un avocate.